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 Mémoires d'une Naredhel [Sweet.Snail]

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Sweet.Snail
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MessageSujet: Mémoires d'une Naredhel [Sweet.Snail]   Mémoires d'une Naredhel [Sweet.Snail] Icon_minitimeMar 19 Aoû - 18:21

– PRÉFACE –




Avant que vous ne commenciez la lecture de ce texte, laissez moi vous fournir quelques explications. Il n'y a pas si longtemps, j'étais inscrite sur un RPG de style médiéval fantastique : Maelthra Magthere. J'y avais deux personnage, dont Allane Mellaurë, la première et celle dont voici l'histoire. J'ai dû quitter le forum faute de temps.

Allane Mellaurë est une Naredhel, une elfe du soleil ou elfe des dunes, une race que j'ai pu inventer pour l'occasion.
Je vais d'abord vous présenter une partie du background de la fiche personnage d'Allane. Ensuite, je posterai la partie vraiment intéressante (selon moi) : les mémoires d'Allane que j'avais commencé à écrire en parallèle.

C'est une histoire que je n'ai pas terminée, mais que j'aimerais bien continuer étant donné le plaisir que j'ai eu à écrire ce premier chapitre des Mémoires d'Allane. Je me demande même si je ne la reprendrais pas pour un roman. Cela reste à voir.

Sur ce, bonne lecture!






– PROLOGUE –




Le guetteur Naredhel fit quelques pas dans le sable brûlant pour rejoindre le haut de la dune. Il mit sa main en visière au-dessus de ses yeux, seule partie visible de son anatomie, afin de se protéger de la lumière du couchant qui enflammait l’horizon. Une bourrasque chargée de sable anima ses vêtements et lui fit plisser plus encore les yeux. Il vit, un peu plus bas, un cordon de silhouettes noires qui avançaient. C’étaient les siens. Ils partaient, ils ne pouvaient plus attendre s’ils voulaient atteindre la prochaine ville avant la tempête. Ils l’abandonnaient, lui, son épouse et la sage-femme qui avait refusé obstinément d’abandonner sa patiente et l’enfant qui allait naître. Lui… Le plus habile guerrier de la tribu ! Il était tout aussi dangereux de rester que de les abandonner. Ils avaient choisi de partir. Qu’ils soient tous maudits !
Un cri de douleur fit sursauter l’Elfe. Il se retourna vers la grande tente pourpre qui ondulait dans le vent. Il se mit à dévaler la dune, plus glissant que courant. Puis il entra précipitamment dans la tente. Il y avait d’abord une sorte d’ « antichambre » pour se débarrasser du surplus de sable. Cette étape était d’autant plus importante qu’il fallait le minimum d’hygiène que pouvait offrir une tente en plein désert de sable pour l’accouchement de son épouse.
Puis il entra dans la tente à proprement parler, où sa femme mettait au monde leur premier enfant. Fiévreusement, il retira ses gants et alla s’agenouiller aux côtés de l’Elfe qui accouchait. Il prit délicatement la main de son épouse dans les siennes, en silence.

Allane Mellaurë naquit au cœur du désert, à la tombée de la nuit et à l’aube d’une tempête de sable, suite à un accouchement long et douloureux. Sa mère ne put survivre aux conditions trop difficiles et son père ne survécut pas longtemps à la mort de celle qu’il aimait si profondément. Ce genre d’amour fusionnel était rare chez les Naredhel. Et son fruit était destiné à l’ignorer.

La seule personne qui put veiller constamment sur elle fut la sage-femme. Lorsque celle-ci parvint à rattraper la tribu, ramenant un nouvel enfant à nourrir et protéger, sans le grand guerrier qui était son père, l’événement ne réjouit personne. Et le goût amer de cette naissance resta dans toutes les bouches pendant de longues décennies. Allane fit les frais de la triste disparition de son père. On ne la mit pas vraiment à l’écart, ni ne la persécuta. Mais personne n’avait envie de rester trop longtemps avec elle, personne n’avait envie de se lier à elle. Même celle qui l’éduquait, se rendant compte de la difficulté de la nouvelle tâche qu’on lui avait confiée, ne l’aimait guère. Cependant, elle faisait son devoir du mieux qu’elle pouvait et protégeait la petite Elfe.
Allane ne connut que la solitude et y prit goût. Même si ce rejet passif eut pour conséquence de mettre l’enfant très mal à l’aise au début, Allane réussit à prendre conscience de sa valeur et elle décida qu’elle était trop bien pour tous ces imbéciles qui refusaient de la considérer. À partir de ce moment-là, elle se rendit elle-même inaccessible pour toute personne souhaitant briser la glace et tenter une relation amicale avec elle. Mais quand on parcourt les dunes avec sa tribu pendant plusieurs dizaines d’années, on s’habitue à voir leurs visages, à participer aux activités quotidiennes de la communauté, on prend des habitudes confortables et rassurantes. Rien ne pouvait décider un Naredhel à quitter cette vie pour une autre, complètement différente, sinon la perte de tout ce qui l’y rattachait.

|…|


Assise sur une dune qui surplombait le campement monté par la tribu Sûllindë, Allane étudiait l’instrument qu’elle venait d’achever de ses propres mains. Certes, l’allure du duduk était anodine, sa décoration, un peu maladroite, mais c’était le sien. Si le musicien de la tribu acceptait de lui apprendre à jouer de la musique, jamais il ne lui aurait donné son bel instrument qui fascinait tant la petite Elfe des Dunes.
Ses mains délicates, et un peu tremblante d’appréhension et d’excitation, se positionnèrent sur l’instrument qu’elle glissa sous le voile noir qui couvrait son nez et sa bouche. Puis elle souffla dans le bec, juste pour essayer. Le son était presque parfait. Au comble de la joie, Allane se permit de sourire sous son voile. Comme en réaction, Pellacèn, la petite gerboise qui ne voulait pas la lâcher d’une semelle (peut-être parce qu’elle l’aidait un peu à se nourrir, juste un tout petit peu…), sauta de son genou jusqu’à son épaule. Voilà, Allane, avec son duduk (et peut-être aussi Pellacèn, même si elle refusait de se l’avouer), n’avait plus besoin de rien ni personne. Que tous ces imbéciles de la tribu Sûllindë l’ignore ! Elle n’en avait que faire.
De nouveau, la jeune Elfe se mit à souffler dans le duduk. Mais ce fut pour commencer un petit air un peu triste. Maintenant qu’elle jouait, elle faisait abstraction totale de tout ce qui pouvait se passer autour d’elle. Elle ne vit ce qu’elle aurait pu voir, elle seule, et elle ne put pas prévenir son clan. Elle ne vit pas les silhouettes des cavaliers sur la dune d’en face, à contre-jour. Elle jouait. Elle ne vit pas leur chef lever son sabre dont la lame reflétait l’éclat du soleil. Elle poursuivait le morceau de ses doigts qui ne tremblaient plus et de son souffle régulier. Elle ne vit pas, encore, la lame fendre l’air et les cavaliers s’élancer dans la petite vallée. Mais les cris guerriers qui résonnèrent l’interrompirent dans un sursaut. Une peur panique s’empara d’elle lorsqu’elle vit enfin les cavaliers fondre sur le campement. Elle se redressa maladroitement et alla se réfugier de l’autre côté de la dune, hors de vue des pillards. Mais cela ne l’isolait pas des hurlements sauvages des bandits, pas plus que des cris d’alerte des guetteurs. Ils furent suivis par le bruit des lames qui s’entrechoquent, puis des cris de douleur et d’agonie et enfin, ceux de panique. Les cris et sanglots trop longs, beaucoup trop longs, des femmes Elfes laissaient supposer qu’on faisait plus que les assassiner. Allane se contentait d’écouter en tremblant dans le sable. L’idée stupide de brandir son petit coutelas et de bondir sur les assaillants ne lui effleura même pas l’esprit.

Allane attendit de longues heures de silence avant de se décider à se relever sur ses jambes flageolantes. Pour la première fois depuis le début de sa longue enfance, Allane n’avait absolument pas la curiosité d’aller voir ce qui s’était passé en bas. Pourtant elle devait y aller. Pour voir s’il restait quelque chose, des vivres. Mais sans grand espoir. L’Elfe à la peau brune inspira profondément et fit un pas et posa une main sur sa gerbille, tétanisée sur son épaule. Mais elle perçut alors le bruit des sabots qui frappaient le sable. Les cavaliers ! Revenaient-ils sur leurs pas ? La peur panique noua de nouveau l’estomac d’Allane qui se figea sur place, ne sachant pas d’où venait cette nouvelle menace. Quelques instants plus tard, un cavalier apparut, plus loin sur la crête de la dune. Il s’immobilisa. La vue perçante d’Allane lui indiqua que l’homme contemplait le désastre qui s’était produit dans la petite vallée. Puis il sembla remarquer la présence de l’Elfe. Il lança son cheval dans sa direction. Ni une, ni deux, Allane souleva ses jupes et se mit à courir. C’était futile, mais son instinct de survie la poussait à fuir l’ennemi, quelle que soit la situation. Elle glissa dans le sable, tomba et son corps roula sur la pente raide de la dune, soulevant des gerbes de sable. Ce ne fut qu’au pied de la dune, les membres endoloris et la peau griffée par les grains de sable, qu’elle put se relever. Mais un pur sang noir, extrêmement nerveux et écumant de sueur, lui barra la route. Elle retint avec difficulté un cri de terreur et leva les yeux sur l’homme qui montait le cheval. Ses yeux s’arrondirent lorsqu’ils s’arrêtèrent sur le visage mal rasé d’un humain à la peau trop blanche. Elle ne reconnaissait pas l’expression de son visage, ni la lueur triste qui dansait dans ses yeux noirs. Que ressentait-il ? En tout cas, Allane sentit sa peur s’atténuer.

« Viens avec moi. » dit-il en langue commune.

Il lui tendit une grande main calleuse aux longs doigts fins. Allane ne bougea pas et ne répondit pas. Elle regarda la belle main qui était tendue vers elle, en un geste dont elle ignorait la signification.

« Viens avec moi si tu veux vivre ! » répéta l’homme d’une voix un peu agacée.

Allane fronça les sourcils, mais elle posa sa petite main brune dans la grande main blanche qui se referma fermement. Allane se sentit soulevée brusquement et elle dut grimper maladroitement sur la croupe du cheval. À peine eut-elle enserré la taille de l’humain de ses petits bras qu’il lança sa monture au galop.
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MessageSujet: Re: Mémoires d'une Naredhel [Sweet.Snail]   Mémoires d'une Naredhel [Sweet.Snail] Icon_minitimeMar 19 Aoû - 18:22

– MÉMOIRES D’UNE NAREDHEL –



– Partie I : Sable –


I


À l’époque, j’étais presque une enfant aux yeux des humains adultes. Pourtant, j’étais plus vieille que la plupart d’entre eux. J’étais même plus vieille qu’Arald. Cependant, il avait vu plus de choses que moi. C’était du moins ce que je me disais lorsque je le vis pour la première fois. Puis, plus tard, je me demandais s’il avait déjà vécu quelque chose d’aussi atroce que le massacre des siens. Aujourd’hui, je pense toucher la vérité du bout des doigts en pensant que le fait qu’il m’ait recueillie juste après ce massacre n’était pas anodin. Mais ce ne sont que des spéculations et je veux entendre la vérité de sa bouche. Je l’entendrai.

Après que j’eusse grimpé sur la croupe du cheval noir, nous galopâmes jusqu’à la prochaine ville, une cité humaine dont j’ai oublié le nom. La nuit était tombée depuis quelques heures lorsque nous arrivâmes devant de lourdes portes en bronze. La ville était impressionnante, ses fortifications, hautes et intimidantes. Pourtant, elle n’était pas bien gardée. Aucun guetteur ne nous demanda « Qui vive ? ». En fait, personne ne vint nous ouvrir les portes. Même si j’étais encore en état de choc, j’en fus outrée. Mon nouveau protecteur, lui, ne broncha pas. Il attendit patiemment, pendant de longues minutes, dans la nuit fraîche du désert de sable. Il prit même le temps d’enfourner une longue pipe dans sa bouche, de la bourrer de tabac et de l’allumer. Moi qui n’avais jamais vu de tel objet, je le regardais faire avec curiosité, par-dessus son épaule. Il aspira une bouffée de la fumée odorante pour la recracher en forme de cercle. Je fus stupidement impressionnée par sa maîtrise et sa nonchalance. Puis il décida enfin de faire avancer les choses :

« Oh là ! Cria-t-il. Y a-t-il un seul fils de chien pour garder cette maudite porte ? »

La phrase éclata furieusement dans la nuit. Je me souviens avoir sursauté. Moi qui croyais que l’absence d’accueil l’indifférait… En réalité, il était bien plus en colère que moi.
Un bruit de métal qui tombe au sol nous parvint et quelques secondes plus tard, on vit de l’agitation sur les remparts. Un garde apparut, brandissant une torche et marmonnant des insultes lancées dans le dialecte humain local. Puis il prit la parole, plus fort, en commun :

« Et quel est le fils de chien qui ose m’insulter ? »

Cela eut pour effet de calmer immédiatement la colère d’Arald. J’ignorais pourquoi. Après avoir repris une bouffée de tabac, il répondit, impassible :

« Un fils de chien qui voyage avec sa fille. Parlons de fils de chien à fils de chien : je suis très fatigué, ma fille, encore plus, laissez-nous entrer et l’incident sera clos. »

En entendant le mot « fille », le garde se hissa sur la pointe des pieds et avança sa torche pour tenter d’y voir un peu plus clair. En vain : j’étais cachée derrière le dos du cavalier. Alors le garde se décida à descendre de son promontoire pour ouvrir l’une des lourdes portes de bronze. Il laissa à peine la place pour que le cheval puisse pénétrer dans l’enceinte de la ville et il referma la porte derrière nous en marmottant :

« Faîtes attention dans les auberges, il y a des bandits qui fêtent quelque chose en ville. »

En entendant cela, mon sang se mit à bouillonner. Mes bras se serrèrent plus fort sur la taille d’Arald qui bougea imperceptiblement la tête en réaction, comme s’il s’apprêtait à tourner la tête pour me regarder.
Le garde nous regarda aller au pas dans la rue pavée. De la fameuse fille du « fils de chien », il ne vit que l’épaisse chevelure blond pâle.
Nous nous arrêtâmes devant plusieurs auberges avant d’en choisir une. Elles étaient toutes aussi bruyantes les unes que les autres. Arald sauta à terre et m’aida à descendre de la monture qui en fut visiblement soulagée. Un garçon d’écurie arriva pour tirer le cheval par la bride. Arald poussa la porte en bois et les lumières de l’auberge se jetèrent dans la rue. Je le suivis à l’intérieur. Il y avait quelques clients. Je n’avais d’yeux que pour six d’entre eux. Je les reconnus à leurs vêtements pourpres. Ils faisaient partie des bandits qui avaient détruit le campement de ma tribu. Instinctivement, j’attrapai l’avant-bras d’Arald. Il réussit à contenir toute réaction. Les bandits parlaient, buvaient, chantaient et riaient fort. Ils étaient tous assis près d’un comptoir en torchis. Arald alla s’y asseoir également et je me hissai sur un siège à ses côtés, sans lâcher son bras. L’apparition de cet homme à la peau blanche fut bien évidemment remarquée.

« Un Nordeux, les gars ! S’exclama l’un des pillards.
- C’est pas un homme, c’est une fillette ! » Renchérit un autre, déclenchant l’hilarité générale de ses compères.

Un troisième bandit se mit à siffler comme il l’aurait fait en voyant passer une jolie serveuse. Arald ne releva pas l’insulte qui ne sembla d’ailleurs pas le toucher le moins du monde. Moi, je ne comprenais pas : cet homme m’avait paru impressionnant. Je le regardai plus attentivement : pas très grand pour quelqu’un de sa race, maigre et peu musculeux, je me rendis compte que c’était un poids plume et que face à cette bande de grandes armoires à glace, il ne ferait pas long feu. Il avait raison de se taire. Les sarcasmes ne s’arrêtèrent pas pour autant. Le premier bandit s’approcha pour s’asseoir juste à côté d’Arald. Celui-ci se contenta de renifler avec mépris. Il fallait dire que le bonhomme ne sentait pas franchement bon. Mon protecteur était peut-être plutôt sale, lui aussi, mais j’avais déjà remarqué qu’il ne sentait pas mauvais. Le bandit ne sembla pas y faire attention et reprit la parole :

« Hé ! Le bellâtre ! J’parie que ça fait longtemps que t’as pas mis de blonde dans ton lit. Dur d’être un étranger, hein ? »

Le pillard passa grossièrement sa langue sur ses lèvres.

« Alors que moi, reprit-il, je peux m’en faire quand je veux. Tiens : aujourd’hui, c’était une Elfe des Dunes, sublime, avec la peau dorée, des cheveux roux, bouclés, très longs, des yeux immenses, verts. Ça, pour être une beauté… »

Les bandits se remirent à rire. Je sentis le bras d’Arald bouger sous ma main : inconsciemment, j’avais enfoncé mes ongles dans sa peau en reconnaissant le portrait de ma nourrice. Il repoussa doucement ma main et se leva doucement de son siège pour faire face au bandit. Interloqué, celui-ci resta d’abord assis. Puis il se leva avec un sourire narquois. Il était plus grand qu’Arald.

« Un problème ? »

Toutes les discussions cessèrent dans la salle et tous les yeux se tournèrent vers eux. Ça sentait la bagarre. Mais ce qui se préparait n’avait rien à voir avec une bagarre.

« Six de nous sept sont de trop dans cette auberge. »

Voyant que l’étranger leur cherchait des noises à eux aussi, les cinq amis du bandit se levèrent à leur tour, avec des sourires carnassiers. Les clients écarquillèrent les yeux : six contre un ? Le petit bonhomme avait de l’ambition. Mais Arald n’était pas là pour rouler des mécaniques ou pour faire le malin. Il ne plaisantait pas. Le bruit métallique caractéristique de la lame contre le fourreau fut suivi de celui de la chaire tranchée. La tête du premier bandit vola et son corps tomba sur le sol dans un horrible gargouillis. Arald n’attendit pas de réaction ni ne lança de sommation. Il avait sorti son épée pour tuer. Sa lame se plantait dans le cœur d’un deuxième bandit qui tomba à son tour avant d’avoir compris la mort de son compagnon. Les trois autres eurent un balbutiement de réaction. L’un tira maladroitement son sabre de sa ceinture, mais Arald donna un coup de pied dans sa main pour le désarmer et lui trancha la gorge. Seuls les deux derniers bandits purent se défendre. Bouche bée, je le regardai contrer sans mal toutes les attaques des bandits. Quand il décida d’en finir, il fit un croc-en-jambe au plus entreprenant et passa la garde du deuxième pour lui transpercer l’estomac. Le dernier bandit se releva, sans aucune envie de continuer le combat. Il fit une tentative désespérée de fuite, mais il ne parvint pas à échapper au fil de la lame de l’homme blanc. Il termina sa course avec le ventre tranché.

Pourquoi Arald avait-il fait tout cela ? Pour moi ? Par vengeance ? Par jeu ? Seulement pour m’impressionner ? Aujourd’hui encore je ne saurais le dire avec certitude.

Arald se rassit à mes côtés et lança à l’aubergiste qui était pétrifié d’horreur :

« À boire ! »

L’homme se précipita pour lui donner une chope d’alcool du pays avant d’aller se cacher dans son arrière-boutique. Arald but cul sec, reposa la chope sur le comptoir et se dirigea vers la sortie sans payer. Je lui emboîtai le pas. Lorsque nous fûmes sortis, je lui adressai la parole pour la première fois.

« Nous partons ? »

Arald se retourna et me regarda comme s’il avait oublié ma présence. Il regarda mes yeux exprimant une fervente admiration, un peu surpris. Puis il me fit un sourire.

« Oui.
- Je… Je peux vous demander votre nom ? »

Il se rendait bien compte que je le considérais comme un preux chevalier. Maintenant je sais que cela le flattait au plus au point et qu’il avait décidé de profiter de ma naïveté. Il me le paiera un jour…
Il me répondit, comme un dieu qui entend la foi de son serviteur, avec un port princier et un sourire bienveillant de bon monarque :

« Je suis Arald. Quel est le tien ? »

Le fait qu’il me tutoya aurait dû me faire tiquer. Mais, inconsciente, je lui dis :

« Allane Mellaurë.
- Écuyère Allane, souhaite-tu me suivre ?
- Oui. » Fis-je, solennellement.

Je ne me rendais pas encore compte que mon « maître » n’était pas du tout un paladin ou quoi que ce soit d’approchant. Nous sortîmes de la ville pour continuer notre voyage nocturne, de nouveau dans le silence. Mais quelque chose me titillait le cerveau et je finis par reprendre la parole :

« Mais… Pourquoi nous partons ?
- Euh… Je crois que les autorités compétentes n’apprécieront pas mon petit exercice de style. »


Je fus très déçue et surprise par son ton peu glorieux et d’apprendre que nous étions en train de fuir. Mais je ne savais pas que c’était l’Arald « normal » qui parlait.


Dernière édition par Sweet.Snail le Jeu 28 Aoû - 1:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mémoires d'une Naredhel [Sweet.Snail]   Mémoires d'une Naredhel [Sweet.Snail] Icon_minitimeMar 19 Aoû - 18:23

II


La chaleur du soleil sur ma peau me réveilla. J’avais perdu la notion du temps et de l’espace dans mon sommeil. Quelle heure était-il et où étais-je ? j’avais dormi à la verticale… Assise à cheval sur quelque chose qui bougeait beaucoup… J’avais des courbatures partout et un début de torticolis. Immédiatement, je me redressai et remis mon cou dans une position normale. Puis je clignai des yeux. Ma vue était encore embuée par le sommeil. J’avançai ma main droite pour tâter la chose dure couverte d’une étoffe noire qui m’avait servie d’oreiller. Sous le tissu, je sentis une colonne vertébrale saillante et des muscles tendus – et sans doute douloureux. Je retirai ma main sur le champ et je sentis le sang me monter au visage. J’avais dormi sur le cheval noir qui avançait au pas en m’appuyant sur le dos d’Arald. À présent bien réveillée, je me mis à observer tout autour de moi. Nous étions en plein milieu du désert et le soleil venait tout juste de se lever. Arald tourna la tête pour me regarder par-dessus son épaule en parlant :

« Nous allons nous arr… »

Il s’interrompit pour éclater de rire. Quoi ? Qu’est-ce qu’il y avait de si drôle ? Instinctivement, je portai ma main à ma joue. Je sentis des sillons qui la parcourraient : les plis de la chemise d’Arald avaient laissé des marques sur ma joue. Il n’y avait vraiment pas de quoi rire et je lançai un regard assassin à Arald qui ne pouvait pas le voir. L’humain reprit son sérieux et répéta :

« Nous allons nous arrêter et nous reposer. Enfin je vais me reposer. Je préfère ne pas voyager de jour. »

Évidemment. Sa peau trop blanche et trop fine devait brûler rapidement…
Arald arrêta sa monture au creux d’une dune et nous montâmes un camp. Ou plutôt nous dressâmes une parodie de tente qui ne pouvait que nous protéger vaguement du soleil. Mais c’était tout ce que nous pouvions faire avec le faible équipement dont nous disposions. Puis Arald laissa tomber son postérieur sur un bout de tissu qui servait de tapis. Il remonta les manches de sa chemise jusqu’à ses coudes, dévoilant des avant-bras qui me parurent extraordinairement velus. En fait, Arald n’était pas plus poilu qu’un autre homme, mais voir ainsi ses poils noirs ressortir sur sa peau blanche me choqua. Je décidai que les Elfes étaient bien plus beaux que les humains. Pourtant, je ne pouvais détacher mes yeux de ses bras et de ses mains longues et osseuses qui défaisaient les lacets de ses bottes. Des pieds longs, fins et nerveux, à l’image de ses mains, surgirent des bottes. Arald se mit à les frotter vigoureusement en grimaçant. Je remarquai les petites taches rouges qui les constellaient : les acariens avaient apparemment trouvé la peau de l’homme à leur goût. En même temps qu’il massait le dessus de ses pieds, il leva les yeux vers moi et me dévisagea, de la tête aux pieds, sans la moindre gêne. Encore une fois, je me sentis rougir. Je pris une grande inspiration afin de retrouver mon calme. Pourquoi est-ce que je réagissais si vivement à chacun des gestes de cet homme ? Cela n’en valait pas la peine. Arald m’adressa un sourire moqueur.

« Tu as l’intention de rester debout toute la journée ? Viens t’asseoir, je ne vais pas te manger. »

Voilà qu’il me parlait comme à une enfant particulièrement stupide. Je ravalai une réplique cinglante et allai m’asseoir sur le petit bout de tapis restant qu’il m’avait indiqué d’un regard. J’étais assise beaucoup trop près de ce sans-gêne, sale et couvert de sueur, avec un corps couvert de poils pour retenir les odeurs nauséabondes. Mais, une nouvelle fois, je remarquai qu’il ne sentait pas mauvais. C’était agaçant : c’était un fait notable, tous les humains dégageaient une odeur désagréable, en particulier les mâles. Son odeur à lui était même agréable, en particulier celle de ses cheveux. Je ne connaissais pas ce parfum, mais il m’évoquait la verdure.
Arald arrêta de s’escrimer sur ses pieds et il envisagea d’examiner son épée. Elle était impeccable, il l’avait déjà nettoyée plusieurs fois. Il poussa un soupir et la rangea dans son fourreau. Se trouvant sans occupation, il tourna son visage avenant vers moi, tout sourire. Le fait de sentir son souffle sur mon visage me gêna, je détournai machinalement la tête et son sourire s’en trouva quelque peu figé. Pour la première fois de ma longue vie, un lien empathique me renvoyait en pleine figure ce que ressentait l’autre. Cela ne me plut pas du tout. Arald était à la fois gêné et blessé. Alors je fis un effort pour tourner mon visage vers le sien. Chose que je regrettai bien vite. Apparemment complètement soulagé, il se mit à caresser mes cheveux du dos de la main.

« Je n’avais encore jamais vu d’Elfe des Dunes. Tu es jolie. » Dit-il.

Insensible au compliment, je le fusillai du regard. Jolie ! Qu’est-ce que ça pouvait bien me faire qu’un pauvre humain me trouve jolie ? Et de toute façon, tous les humains trouvaient toutes les Elfes jolies. Il aurait pu trouver plus intéressant à dire. Arald leva immédiatement les mains.

« C’est bon, c’est bon ! Là, je ne te toucherai plus. »

Il resta quelques secondes silencieux, le regard tourné vers l’horizon.

« Tu n’es pas très commode.
- Je ne suis pas là pour être commode, lui fis-je vertement remarquer.
- Peut-être. Mais tu pourrais éventuellement l’être, ça ferait du bien à tout le monde. »

Je ne relevai pas la remarque. Qu’est-ce que cela aurait changé pour moi de lui être agréable ? Je laissais le silence s’installer de nouveau. Arald resta un instant immobile, un peu boudeur. Mais très vite, il trouva une nouvelle activité : il attrapa son sac en tissu qu’il portait en bandoulière pendant le voyage et il enfourna sa main droite à l’intérieur et fouilla. Il en sortit un morceau de pain à moitié desséché, une pomme et trois galettes. Il poussa un soupir. Puis il soupesa sa gourde et grimaça. Enfin, il décrocha sa bourse de sa ceinture et la vida dans sa main gauche. Cinq misérables piécettes de cuivres tombèrent. Arald poussa une sorte de gémissement de désespoir.

« Il va falloir que je trouve bientôt du travail… » Marmonna-t-il pour lui même.

Il fallait surtout qu’il trouve de l’argent et des vivres rapidement, pensais-je. Nous ne risquerions pas d’aller bien loin avec ça… Tout au plus jusqu’à la prochaine cité. Arald jeta un œil curieux à ma bourse rebondie.

« C’est du sable, dis-je.
- Du sable ?! »

Il me regardait comme si j’étais folle. Je fis un geste agacé.

« Oui. C’est mon élément. Et si je me retrouve sans sable, je serais… »

Je m’interrompis avant de révéler quoique ce soit de dangereux.

« J’ai besoin de sable. »

Arald avait l’air sceptique. Mais il n’insista pas. Il en revint à son sac et en sortit divers objet qu’il regarda attentivement, chacun à leur tour. Je devinai qu’il essayait d’en évaluer le prix. Le seul moyen de gagner rapidement un peu d’argent, c’était de vendre ses effets personnels, même si je n’aimais pas trop cette idée. À la fin de son examen, il n’avait pas l’air satisfait. Fatalement, il se tourna de nouveau vers moi.

« Est-ce que tu as des objets que l’on pourrait vendre ?
- Non, fis-je, catégorique. J’ai peu d’objets et ils sont tous trop utiles pour être vendus.
- C’est-à-dire ? Insista-t-il.
- C’est-à-dire un poignard, ma bourse de sable, une pommade, une potion et mon duduk.
- Duduk ? »

Je décrochai mon instrument de musique de ma ceinture utilitaire pour le lui montrer. Il fit une grimace.

« Tu n’as pas besoin de ce pipo, on peut le vendre, non ?
- C’est hors de question !
- Quand on risque de mourir de faim, on ne fait pas de sentiments.
- Et si on vendait votre épée pour en acheter une autre, moins ornementée ? »

Arald se pinça les lèvres et ne répondit pas. J’avais gagné la partie et je me permis de lui adresser un sourire narquois. Il lui fallut quelques minutes pour digérer la pique.

« La pommade et la potion… À quoi servent-elles ?
- La potion, c’est pour réduire la sensation de faim et de soif. Ça peut paraître idiot, mais lorsqu’on a l’estomac complètement noué, on est bien content de l’avoir. La pommade… C’est pour apaiser les démangeaisons. »

Je dus faire un effort pour m’abstenir de ricaner. Arald poussa un juron.

« Tu n’aurais pas pu le dire plus tôt ? Donne-moi ça ! »

Il tendit sa paume vers moi d’un geste autoritaire.

« Si je vous en donne, j’en aurais moins pour moi.
- Allez ! Ne sois pas si égoïste !
- “Quand on risque de mourir de faim, on ne fait pas de sentiments.” »

Arald soupira.

« Tu ne vas pas manger ta pommade… D’autre part, tu as besoin de moi, et en forme. »

Ce n’était pas faux. Je réfléchis un instant puis je lui tendis le petit boîtier en bois sombre qui contenait la pommade. Arald me remercia d’un sourire resplendissant, le genre de sourire qui vous donnait envie de tout faire pour le revoir ne serait-ce qu’une fois. L’humain ouvrit le boîtier.

« Ca sent bon. » Dit-il, de bonne humeur.

Puis il commença à appliquer le remède sur ses pieds. Sans que j’eusse besoin de lui dire quoi que ce soit, il s’appliqua à ne pas gaspiller la pommade et à en mettre le moins possible sur ses boutons. Lorsqu’il eut terminé, il me rendit le boîtier que je rangeai dans une sacoche accrochée à ma ceinture. Il s’étira longuement, puis il se coucha, à moitié sur le tapis, à moitié dans le sable. Se servant de son bras comme d’un oreiller, il s’endormit rapidement. J’en fus un peu fâchée car je me sentais à présent obligée de faire le guet. Apparemment, cet homme était absolument inconscient de tout danger. Ou alors, il était tout simplement très fatigué… Ma colère s’apaisa. Mais je me demandais malgré tout sur quel genre de « preux chevalier » j’étais tombée. Je me dis qu’il ne dormait peut-être pas complètement et qu’il était près à bondir à l’approche d’une menace. Mais j’abandonnai cette idée en voyant le sourire de bienheureux qui planait sur ses lèvres. Et bien tant pis. Si je ne pouvais pas compter sur lui, je pouvais encore compter sur moi-même. Je tournai mon regard vers l’horizon.
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